Environnement

3 décembre 2022 Environnement

Comment est prise en compte la biodiversité par les exploitants de carrière ?

Sans doute parce que leur quotidien rime avec milieu naturel, les exploitants de carrière se sont engagés très tôt dans une démarche en faveur de la biodiversité. Conscients des enjeux, les entreprises dialoguent avec les acteurs environnementaux avant, pendant et après l’exploitation. Une attitude volontaire de la profession qui a aussi adopté une charte et un label fixant un cadre plus contraignant que la règlementation.

Une profession précurseur dans la prise en compte de la biodiversité

Pour chaque projet ou extension de carrière, une étude d’impact est réalisée dans le cadre de la loi sur la protection de la nature de 1976. Objectif : connaître le milieu pour adapter au mieux les méthodes d’exploitation.

Un véritable tournant dans la profession selon Hugues Berbey, Vice-président de l’UNICEM Nouvelle-Aquitaine (1) et Président du Comité régional UNICEM entreprises engagées (UEE) : « c’est surtout à ce moment-là que les professionnels se sont emparés de ce sujet pour dire : on exploite une ressource naturelle, on produit des matériaux pour le BTP, l’industrie, l’agriculture…, mais on travaille aussi dans les territoires pour produire en respectant la nature et la biodiversité. Et a posteriori, on s’aperçoit surtout que les milieux de carrières sur lesquels nous sommes  intervenus dans les décennies passées sont aujourd’hui extrêmement riches en matière de biodiversité » (2).

>> En savoir plus sur le développement de la biodiversité dans les carrières : lire l’article « En quoi une carrière peut-elle être une opportunité pour la biodiversité ? »

Conscients des enjeux, les exploitants de carrière sont allés plus loin que la Loi en s’inscrivant dès 1992 dans une démarche environnementale structurée avec la création d’une charte sur l’environnement, « Cap Environnement », puis d’un Label RSE portés par l’UNICEM. En adhérant à ces Charte et Label, les entreprises s’engagent dans une démarche collective de progrès, à mutualiser leurs expériences, à faire valider leurs actions par un organisme extérieur et à former leurs collaborateurs sur ces questions.

« La profession a vraiment fait preuve de novation… Elle est l’une des rares activités industrielles à avoir ce degré de connaissance de l’environnement de ses sites », poursuit Hugues Berbey (1). Et pour cause : les exploitants de carrière sont en quelque sorte des acteurs de la nature cohabitant au quotidien avec la biodiversité avoisinante.

Dialoguer et travailler avec tous les acteurs de la biodiversité

Fort de cette approche volontaire, les exploitants de carrière s’entourent d’expertises et dialoguent avec les associations environnementales et les services de l’État à chaque étape de la carrière : sonder la compatibilité avec le milieu existant lors de l’identification d’un terrain, suivre et mesurer les impacts en phase d’exploitation, puis accompagner les projets de réhabilitations post exploitation.

>> En savoir plus sur les réaménagements de carrières après leur exploitation : lire l’article « Que peuvent apporter les réaménagements de carrières au territoire et à sa population ? »

« Les carriers sont quand même des précurseurs, précise Yvan Grugier, responsable de l’antenne Creuse du Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine. « Il y a vraiment eu un rapprochement assez tôt. Il se trouve que le Conservatoire a souvent été contacté par les carriers à différentes phases : soit en phase d’exploitation, soit en amont d’une extension, soit en phase de réaménagement d’un site. Nous les avons souvent accompagnés ».

Forts de ces partenariats, les exploitants de carrière s’inscrivent dans une démarche permanente d’apprentissage pour renforcer la protection de la biodiversité sur les sites notamment lors de leur exploitation. Et c’est précisément à cette phase qu’une marge de progrès existe et moult solutions peuvent être imaginées au cas par cas en concertation avec les parties prenantes : mettre en place des micro-zones de quiétude ou de substitution, installer des nichoirs pour les espèces patrimoniales, comme les Hiboux grands-ducs, qui affluent sur les sites…

Par ailleurs, les exploitants réalisent très régulièrement des sensibilisations de leur personnel à l’environnement, sur la gestion des hydrocarbures, la reconnaissance des espèces végétales et animales protégées, la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, …

(1) L’UNICEM Nouvelle-Aquitaine regroupe les industries extractives de minéraux dans la région. Elle fait partie de l’UNICEM, l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction.
(2) Source : Table ronde du 01/07/2021 à Bessines-sur-Gartempe « Carrière et Biodiversité ; quand l’industrie crée de la biodiversité. »